8 nov. 2012

THE KILLER INSIDE ME (Chronique DVD)



Il est lourd le fardeau que porte Lou Ford, affable sheriff dans cette petite ville tranquille du texas entre derricks menaçants et poussière poisseuse…et personne ici pour deviner les félures, et aucun regard inquisiteur pour traverser ce miroir sans tain.

Casey Affleck une fois encore (après le mémorable Assassinat de Jesse James) tétanise de sa froide presence la pellicule de ce film singulier (adapté d’un pulp de l’auteur inspiré et prolifique Jim Thompson ) réalisé sobrement par Michael Winterbottom (9 songs) qui narre le quotidien apparement tranquille d’un psychopate et les sinueux soubresauts psychologiques qui l’animent, empreintes inalterables d’un passé trouble (quelques flash-back tenteront de baliser le tunnel poisseux dans lequel on s’engouffre, mal à l’aise mais conquis…), des inclinaisons sexuelles inavouables et les conséquences dramatiques qui en découleront, dans une fuite acceptée dans la destruction de l’objet de toutes les passions et l’auto-destruction appellée de tous ses voeux, cheminement qui peut-être le rapprochera d’une redemption (son frêre victime innocente payera de sa vie sa filiation) espérée.

Film répondant aux canons du film noir nonchalant, voix off demandant de notre part un supplement d’interaction, mise en scène malicieuse permettant aux scènes de pure violence (proprement insoutenables) de nous electrocuter sur place et d’éprouver un reel malaise (lors de projections publiques, plusieurs personnes durent sortir des salles malmenées par ces images ) et compositions au plus juste du casting, même si la presence de la toujours jolie Jessica Alba dans le rôle d’une prostituée gêne un peu aux entournures, tant l’identification est à nos yeux difficile et sans doute pas assez bien incarnée (les scènes de sexe sont limites “light” et gauches quand elles se voudraient perverses et derangeantes).




Un film qui aurait pu toucher au sublime si une fin à la limite d’un switch à la “Scream” ne polluait pas les reelles émotions que procurent ces 120 mn de descente dans le psyché d’un être plus tout à fait de notre monde.
N’en demeure encore et toujours l’excellente interpretation du tourmenté Casey, absolument au diapason et qui á lui seul porte le serieux voulu de l’entreprise.

Un film puissant, souvent atonal, toujours éprouvant.
Un film qui parle d’âme sans en montrer une once.

Un puit sans fond-