8 nov. 2012

PUBLIC ENEMIES (Chronique DVD)


Ceci n’est pas un film, c’est un véritable traumatisme et le voyage durant plus de deux heures s’avère eprouvant.

Eprouvant mais palpitant.
Adapté du livre éponyme de Bryan Burrough, l’histoire narre la traque que livra l’agent féderal americain Melvin Purvis surnomé “Little Mel” en raison de sa petite taille envers l’ennemi public déclaré numéro 1 de ces années 1930, le “ Robin des Bois des temps modernes”, John Dillinger (aujourd’hui marque déposée et hôte d’un culte enamouré), gangster et braqueur de banques jusqu’à sa mort lors d’une embuscade policière devant le cinéma Biograph à Chicago au sortir d’une séance du film “L’ennemi Public nº 1”(!) avec Clark Gable.

Une odyssée faites de violence, d’amour, d’évasions et de trahisons (la femme à la robe rouge sera le Judas et permettra aux policiers d’identifier le gangster qui decedera atteint de trois balles) tel un maelstrom que sublimera la réalisation encore une fois inspirée de Michael Mann, maitre en la matière (Le Sixième Sens, Heat, Collateral, Miami Vice etc).


Un casting parfait (après une lourde défection d’un Léonardo Dicaprio occupé ailleurs) où l’on retrouve un Christian Bale engagé et un Johnny Depp en totale adéquation avec son rôle. La fraicheur de Marion Cotillard qui incarne l’amour fou de John, Billie Frechette, amène un peu de luminosité dans ce polar sombre, gorgé de gunfights hallucinants (qui nous ramenent immediatement aux fusillades dantesques de “ Heat “) et de dialogues acérés mais aériens (la déclaration de John à Billie).


Un réalisation tendue, nerveuse avec une profondeur dans le rythme (qui trouve son parallele dans la même filiation que le Dark Knight par exemple), une reconstitution minutieuse (les Fords V8, les costumes, les meubles, les accessoires, 114 décors differents, + de 1200 vehicules d'atmosphére etc…), un investissement d’acteurs au diapason (Depp fervent amateur de musique deterrera quelques pépites blues qui orneront à la suite le long-métrage) au service d’une vision, tout cela mêne ce PUBLIC ENEMIES vers les sommets du cinéma de qualité.

Tout le long du film nous serrons les dents et souvent le malaise n’est pas loin tant le traitement de la violence et la montée en puissance du combat psychologique que se mène (aussi) les deux protagonistes s’immisce et en nous fait discretement son nid. D’où une constante tension lors du visionnage du film.


Il est heureux de rencontrer encore en ces jours gavés de films fast-food maniérés et immatures un reel plaisir devant une oeuvre sans concession et portée par un amour du bel ouvrage.

Après (dans un autre genre) “The Black Dahlia” de De Palma, force est de constater le retour d’un certain type de films policiers noirs “à l’ancienne”, qui me fait davantage regretter de n’avoir pas vécu en “live” les soirées au drive-in où l’on pouvait se delecter des mimiques de Bogart ou de l’angelisme narquois d’un Widmark.
Rien n’est perdu en fait, et ce plaisir intense se deguste aujourd’hui comme un bon cognac grace à ces plongées dans la mythologie policière americaine, bien au chaud aux cotés de Bonnie and Clyde .


Un superbe film, penetrant, qui longtemps après le générique de fin reste en mémoire .

Sans le moindre doute, un chef- d’oeuvre.