22 févr. 2013

APOSTHEM : Damned By Salvation

Catacombes comme papier peint, jamais le soleil de Toulon ne fera éclore ici quoi que ce soit. Le minéral est roi, et la suie dépose un manteau qui recouvrira d'immondices la cave d'où gémit, se tord, hurle de douleur la bête malfaisante nommée APOSTHEM, créature hybride proposant avec son premier rêche EP "Damned By Salvation" (à l'artwork "roots" convaincant), une belle démonstration de ce que le Death Metal sait être, à savoir un écrin musical qui comme un ventre en gestation laissera voir le jour du tréfond de ses entrailles à un être affamé, qui possêdera en sa substance une réelle et insatiable faim de Liberté, et pour quelques minutes encore vierge des scories et scléroses sociales, sexuelles ou religieuses.
Libre de toutes entraves, le Death Metal inspiré (qui convoque le meilleurs des deux scènes US, New-York et Floride) que propose depuis déjà 2006 APOSTHEM, avec ses vergetures Black Metal et ses éruptions Deathcore, saura plaire aux amoureux de Dying Fetus, Morbid Angel, Cannibal Corpse voire même Aborted pour ses illuminations grind de temps à autre.


Enregistré dans le courant 2012 aux Sound Suite Studio à Marseille sous la direction éclairée de Terje Refsnes (Carpathian Forest entre autres) et craché à la face purulente du monde en ce début d'année, les sombres qui ont foulé/brulé les planches aux cotés de combos tels Mercyless, Antropofago et pléthore savent caresser dans le sens du poil, leur Death tenêbreux et puissant nous ramenant à la découverte et l'éclosion de ce style musical du début des 90's, quand les mid-tempos pachydermiques et les growls menaçants et mysterieux faisaient fondre de plaisir votre serviteur.

6 titres vindicatifs (dont une intro parfaite pour titiller l'intêret) composent cette première oeuvre qui rassure quand au futur immédiat du groupe. On ne perd jamais de vue la mélodie (ce qui n'est pas antinomique avec ce genre) et on y découvre comme un squelette blanchi sous un chape de béton un certain groove, qui aère le propos ("Gods reject", aux accélérations Black bien senties). Le travail effectué aux instruments est impressionant, Naythan (vocaux particulièrement frais et ne lassant jamais, ce qui est une vrai réussite dans ce style musical), Adrien et Icaros aux guitares tranchantes, ainsi que Altarok à la basse en mode apocalyptique aux cotés de Jean (peaux) qui offrent une section rythmique ébouriffante poussant le monstre dans ses derniers retranchements ("Eat Your Bones", jouissif de perversion et d'annihilation totale des neurones avec son solo que ne renierait pas un Trey Azagthoth), tout ici transpire la détermination et appelle de fait notre admiration.

Etonnament (et le bonheur à l'issue n'en est que plus grand), ce premier effort trouvera une place de choix dans ma playlist aux cotés des derniers superbes Suffocation et Hate, Devourment,The Seven Gates ou Puteraeon, qui toujours tournent en boucle (et font le bonheur du voisinage devenu sourd pour Hard Force...).
Belle découverte (je remercie ici Narsthot), grosse sensation. APOSTHEM rentre de facto dans la cour des grands, rejoint cette nouvelle et excitante (vague ?) scêne française de Death Métal qui (depuis quelques années) inexorablement se hisse au niveau des voisins polonais et supplante les nordiques par sa vivacité, sa réelle fraicheur et son sens constant du renouvellement déjà initié (Loudblast, Hysteria, Trepalium, Carcariass etc...).
Metal de la Mort, d'accord, Underground, sans doute (plus pour longtemps) mais cela reste ici avant tout du Grand Art. Imparable et indispensable.