8 nov. 2012

PRINCE DES OCEANS (Poesie)


Prince des océans
Il ne flottait pas.
Il moissonnait la Mer.
Caressant et fier, souple mais de bois et d'acier, le regard toujours bleu azur savait où reposer .
Tutoyant les promesses impossibles des sirènes séductrices et respirant les brassements d'ailes des guides blancs voltigeant alentour, il regnait et l'étendart brandit déchirait les océans combatifs.
Les chants admiratifs des baleines accompagnaient ses périples et il n'aurait jamais pu se passer des cavalcades adolescentes des dauphins joueurs qui souvent longeaient à ses flancs.
Le soleil le tannait et il savait être lui aussi un astre pour la lune, un phare pour la côte.
Des récifs pouvaient le blesser, le taillader mais nulle roche l'empecher d'avancer.
Il tenait le cap.
Son histoire d'amour racontée par les ports clamait son eternelle fidelité au Vent.

Majestueux je le vois ici, dormant pourtant pour des siècles à venir.
Bien sur, les armoiries ont ternies mais résiste la proue.
Il est là, Prince des océans , pleurant devant moi, ravissant aujourd'hui les touristes qui le griffent de leurs pas prétentieux et goudronnés pour quelques cents.
Et personne pour voir couler ses larmes dans la mer.

Je t'entends murmurer, ami, des chansonnettes adressées aux lointains goélands et tortues d'Afrique.
Je te vois, ami, danser maladroitement au gré de la houle .
Je te sens, ami, rongé par l'impatience d'une évasion barrée par la rouille.

Alors, dans ces moments lá, quand je te caresse l'échine pour te rassurer, je pleure avec toi.
Et je repense aux sables dorés que tu as embrassé, aux hommes sans peur que tu as transporté.
Et je respire à travers toi encore une fois, les douces et salées effluves de la Liberté.
Celle que je ne connaitrais jamais.
Mon Bel Ami, mon beau navire...