8 nov. 2012

IRON MAIDEN : The Final Frontier (Chronique CD)

Ceci n'est pas un album, ni un recueil de chansonnettes.
ceci est un voyage.
A travers le temps, à travers des contrées sauvages, fendant des océans aux secrets etourdissants, des espaces torturés, des profondeurs du coeur jusqu'au sommet de l'âme.
The Final Frontier ne se donne pas, il s'apprivoise. Il demande un effort, une envie, une volonté de partager un moment rare, comme un precieux talisman protégé encore dans son coffret.
Il ne s'agit ici ni d'un banal album de "métal", ni d'une collection de morceaux appelés a sublimer les prochains Live.
Il s'agit d'un fabuleux écrin qui cajolera à jamais ces precieux instants, ce moment fragile, quand delicatement, febrilement, vous insérez la petite rondelle dans le lecteur...
Et que jaillit la musique...
Longue et etonnante introduction au nouvel album d'IRON MAIDEN, " Satellite 15" rudoie certes nos habitudes. La Vierge de Fer malmène pour mieux vaincre, et c'est déjà gage de bonne santé morale.
Spacial, torturé, tortueux, tribal, l'entame annonce le combat.
Et comme un phare sauveur, la voix rassurante de Bruce Dickinson nous ramène au bercail.
Bien sur, on ressent l'excitation de retrouver un ami proche et bien-aimé, mais on se surprend aussi a s'inquieter du timbre souvent poussif dans les pics, et seul le refrain entêtant nous rend un sourire liberateur.
" El Dorado", premier hussard dans les charts reste classique dans ses structures, du pur Maiden dirons-nous, mais toujours ces gimmicks guitaristiques pour nous rassurer. Calvacade au refrain atomique, made in england ! Mais encore ce soucis dans la gorge de Dickinson, qu'on aimerait plus convaincant. Laissons-le s'échauffer.
Le temps joue pour lui car belle prouesse vocale, inspirée sur ce " Mother of mercy", tout en crescendo pour atteindre une plenitude qu'on imagine communicative lors de prochaines messes exterieures. Beau Morceau mais qui comme nombreux autres titres de cet album aventureux meriterait quelques minutes en moins pour atteindre une efficacité maximale.
Power-ballad d'une intensité accrue, "Coming Home" séduit rapidement. Mélodique et épique, du Maiden les yeux fermés.
Autre calvacade typique, et qui ramène le feu dans la maison progressive de ce quinzième album, "The Alchemist" fracasse tout avec ses relents de guitares héritées d'autres epoques bénies, celles de Piece of Mind, par exemple. Elle fonctionne si bien que le choix de cette chanson en premier single aurait été plutôt clairvoyant...rapide, concise, efficace...
Autre belle pièce progressive limite psychédelique affichant 9'05, "Isle of Avalon" emmêne l'auditeur dans de vastes paysages impressionistes, nimbés quand la puissance affichée du lead-vocal reprend ses droits et emmene la barque bien loin du rivage. les solos jaillissent comme autant d'eclairs face à cette tornade maintenant, un pont progressif comme jamais vient illuminer cette belle promenade.Du bien bel ouvrage, maitrisé .
"Starblind" à l'intro evanescente (cette impression souvent tout au long du disque nous ramene aux keyboards de Seventh Son...) propose un morceau assez sombre dans sa construction, aux rythmiques concassées et aux solis acérés. La production se révele ici dans toute sa splendeur, laissant vivre chaque instrument. La deuxième moitié du morceaux est tout simplement dantesque.
Cordes médievales annoncent le troubadour chantant, chanson de marins tard le soir rentrés du grain, belle mais longue introduction à un morceau qui trouve ses marques avec une attaque de guitares furieuses et le chant envouté d'un Dickinson enfin en état de grâce. Le refrain vrille notre mémoire et s'y love pour ne plus jamais nous quitter. 9'02 de pur bonheur que ce " The Talisman". Epique, toujours plus epique, du pur Maiden. Difficile d'esperer mieux à ce moment.
Synthés toujours et encore mais qui posent efficacement l'ambiance sombre de " The Man Who Would Be King", chanson revancharde, animée d'une hargne etonnante, envoutante et toujours ces mélodies limites "dark" qui nous eloignent pour le coup (et c'est tant mieux) des douceurs niaises d'un "Holy smoke" par exemple...Grand 8 emotionnel, un MAIDEN toujours plus conquerant, defricheur même. le Final est absolument superbe. Belle piêce.
Le moment est venu, et le dernier morceau de cet album incroyable s'annonce...
Sous de faux airs enjoués s'annonce le chapitre final avec ses 10'58 de pur plaisir, et "When the Wild Wind blows" souffle au travers des enceintes, c' est tout un pan de son histoire que IRON MAIDEN referme, sur un mid-tempo diabolique et trompeur, sur un morceau à tiroirs, une totale démonstration d'un MAIDEN qui "groove", qui " rock", qui assume ici toute l'étendue de sa culture musicale à travers les âges anciens en n'oubliant pas d'y apposer sa reconnaissable "touch".
Et si le vent conclue magnifiquement cet album, c'est pour emporter nos larmes de reconnaissance ainsi que les feuilles automnales qui furent tapis sous nos pieds en cette année bénie 2010 où IRON MAIDEN embrassa la Legende. Et sema pour l'eternité les graines du Bonheur.
Innovation, Experimentation, Emulation, Iron Maiden s'affranchit avec ce "Last frontier" de toutes délimitations et considerations bien-pensantes.
La Sagesse n'est pas immobilisme et le talent ne rime pas avec couardise.
IRON MAIDEN offre ici au monde entier l'expression de sa jeunesse eternelle, cet album comme Elixir de Jouvence.
Le Graal-