17 mai 2011

JOHNNY HALLYDAY : Jamais Seul

Allez, pas de polèmiques, ça pétarade, ça crache le CO2 à faire palir tous les Hulot de la planête, ça trace le bitume d'une gomme noire comme un bon vieux blues mais làs, la trottinette a remplacé la Harley, et les gencives constellées des moucherons de la décrepitude laissent apparaitres des dents qui ne mordent plus, des crocs qui ne dechiquetteront plus jamais aucune chair, le vieux loup est édenté (faut l'abattre me crie Antoine-toujours-haineux), ça sent le rance, le décoloré, tu vois bien ce dont je veux parler, ces anneaux pendus aux oreilles des ridicules quadras (et+), le bide tentant la belle à travers le t-shirt pretentieux gravé d'un aigle royal sur fond de drapeau americain aux couleurs passées (trop de bonux tue le bonus), le rare cheveu pauvre teinté d'un blond-Dalida pisseux, les ongles jaunis de Gitane, samedi au Casto tapant des dialogues improbables sur les bienfaits du credit  ou du dernier tournevis à la mode (avec son application Gode quand Maurice mate téléfoot) avec des connasses hallucinées aux caisses trop heureuses de partager ces rares moments avec leurs congénéres trisomiques et avinés (ou pastisés c'est selon l'heure), il sera encore temps dimanche de sortir la caravane-putain-le-GPS-est-tout-neuf ou d'emmener les chiards chez la belle-mère (cette connasse mais bon la piscine c'est trop cher et il y a le nouveau tiers à payer et les écheances du pavillon sur 350 ans qui tombent) on verra ça dépendra si jsuis pas trop bourré.
Hallyday donc, sa cohorte de fans lobotomisés qui confondent Beat et Bite, Rock n Roll et ketchup, Hallyday encore qui gémit mais qui decidement tel un serpent trouve toujours les infimes interstices et arrive à nous mettre, profond encore.
Jamais seul. Te gênes pas, cela sera considéré comme Service Rendu à la Nation (et au bon goût), et les Dieux épileptiques du Rythm n' Blues te remercieront (Hendrix se marre encore vu l'arnaque).
235 eme album (qui a vraiment envie de se valider comptable ?) ou presque, Jamais Seul pue la démo enregistrée un soir de cuite, entre des guitares m'as-tu-vu boursouflées d'un groove cher à M (qui n'est rien d'autre qu'un Sinclair en plus brun d'où ce feeling digne d'un paraplégique dopé aux amphètes et qui s'excite en vain sur son siège de souffrance), des paroles pillées dans l'intégrale de Oui-Oui Apprend à Faire du Rock aux jeux de mots improbables (le dictionnaire de rimes fume encore) dont même le plus dégénéré rappeur ne voudrait pas (sous l'ére Obispo ça ne volait pas haut, mais ici on sourit aux taupes), bref calvaire qui ne meritait pas tout ces kilomètres (Californie) pour l'enregistrer (Neuilly suffisait amplement), suivez la ligne jaune (dragées Fuca) qui vous amène à l'idole des jeunes (suicidez-vous le peuple est mort) et priez pour son âme (preservons-le de l'anorexie bancaire et devorez ses editions limitées), aimons-le et fouettons-nous c'est trop bon c'est Johnny c'est quand même pas n'importe qui (syndrome Zidane, ces têtes de cons bouffis de pretention qu'on voudrait pour je ne sais quelle raison-sinon la connerie humaine de bouseux turfistes-preserver de toute critique), Dieu est sur terre, il est belge exilé en Suisse, et en plus il moutonne de sa belle voix " Venez à moi, venez à moi..."
Jamais seul et jamais entendu pareille daube depuis...depuis le précedent en fait...
C'est une habitude, comme un rendez-vous galant avec un thon oui mais un thon qui baise c'est mieux que rien donc on y va gaiement lotion tiags lustrées bandana repassé (Mashed Potatoes dans l'auto-radio) et "Rock n' Roll !
Et finalement après le Buffalo on s'en grille une et sur "Ça ne change pas un homme" on se fera sucer et on se dira quand même elle ressemble pas trop à Laeticia mais plutot à l'autre morue sexy comme un boxeur du 15 eme round, la Deline, l'actrice avoinée par un autre boxeur dans le mélo de l'été dernier, oui la ferme en afrikkke du sud...
Et le fiston, qu'en pense-t-il, lui qui est le seul avec son sang pour sang a avoir réussi le pari de la renaissance, du hallyday au plus juste, du Johnny en concentré loin de la marionnette et des feuilletons hospitaliers navrants (Camus-Camé-Caméo...) et si parodiques dans leur essences mêmes.
Problème générationel (génération perdue...) phantasme tri-dimensionnel quand la dinde est farcie, le banquet s'anime et l'hôte est roi chez lui.
Il faudra bien un jour accepter de tuer ses idôles, car la guérison passe obligatoirement par là (Morrisson le chante bien...) et que d'applaudir ce theatre de carton-pate mité n'offre ni gloire ni respect.
Ils sont fatigués les héros (vois Jagger vois Mc Cartney/Paul & Mick encore.../pas Pop ni Lemmy...) et les plus purs parlent avec Robert Johnson & Cash lá-haut (demande à Bashung), rincés les survivants et fripés mais fricqués on aurait tellement aimé l'integrité sans doute même moins inspirés...
Hallyday fatigue comme une charrue enlisée mais tous autant sont ravis les boeufs, tatoués " Ça ne finira jamais" en chinois le bouc roux proeminent la bave aux lêvres l'air vainqueur ça ne finira jamais putain comme c'est long comme c'est lourd.
Allez, annoncé comme le dernier bois à la pyramide Mikado, ce Jamais seul pollue une fois encore l'oeuvre qui risque de se casser la gueule au moindre souffle, lorsque quelques années plus tard sommités s'exprimeront tranquillement, loin du tumulte, et décortiqueront ces années de labeur au service non pas du Rn'R mais de la varieté française dans sa qualité la plus acceptable (Rieu n'est definitivement pas Mozart), ce qui n'est pas une injure mais une saine réalité.
Hallyday est une godasse, qui laisse une empreinte non-négligeable dans notre petit champs pretentieux, écrasant sur son passage orties mais aussi roses flamboyantes.
Hallyday est un soleil, la pêche bien mure et le cancer de la peau, le phare pour certains mais le naufrage pour d'autres.
Il est une voie (aujourd'hui de garage) et il est La Voix. Nul ne peut l'ignorer. Dommage que tant de mots échappés soient si vains (ne reparlons pas ici du ptit dernier...).
Allez, donne-nous 10 ans sans nouvelles et reviens crooner, finis comme Sinatra et l'honneur sera sauf, tout sera pardonné.
Et même si on est très loin du testament d'un poête, je ne m'inquiête pas, car je sais que même sans moi, tu ne seras Jamais Seul.
Et tu l'as bien dit, on n'aura pas ta peau-
Allez, que ta Harley repose en paix-