11 févr. 2013

RAVE AGE : Right Now !

Thrash comme tu craches sur le bitume, avec le perfecto et le blanc-limé (vin blanc et limonade, se boit comme du petit lait...), on plonge dans le vintage, dans le roots, avec une production rêche, et des compositions franches comme le regard de Mike Tyson, on cause ici sur un coin du zinc de RAVE AGE , toujours dans la course, 15 ans déjà que ce metal colore de sa verve Toulouse et ses environs. "Right Now !", autoproduction revisitant le premier EP sorti en mai 2010, "Burning Generation", ajoutant aux 6 morceaux 7 nouvelles compositions (et 2 surprises) carrées de chez carrées n'offre rien d'autre qu'un gros shoot de rock aux enjoliveurs métallisés, avec ce petit coté "pub" (Dr Feelgood souvent se sent bousculé) dans sa production qui rend eminemment sympathique ce petit objet brillant.
Snakebite qui distribue la galette a le nez fin. Souvent ça groove comme un Motorhead sous GHB , souvent on pense à Entombed pour cette sincerité musicale qui s'echappe des hauts-parleurs. Bien sur, celui qui espère Def Lep se pendra, celle qui humide attendra un nouvel A7X se fera vomir. Ici, c'est basique comme un coup de boule, avec de temps à autres de petites entailles Death Metal ou un phrasé vocal lorgnant quelques fois vers le hardcore (une fraiche tessiture qui tient en éveil tout au long de l'album), mais on reste quand même plus proche d'un Metallica du début ("Mister Jones", par exemple). La tierce mortelle qu'est "Death is Not for Me", "Kiss My life" et "Open Your Eyes" ne fera pas de prisonnier, on est abasourdi par un tel déluge de puissance maitrisée (les soli restent somptueux), et à ce moment l'album s'équilibre pour le meilleur.

L'écoute se révêle plaisante, et on ne souhaite qu'une chose, que ce RAVE AGE accède enfin en première division, car le potentiel est assurément là.
Notons l'effort fait pour proposer un packaging attrayant, belle carte de visite pour celui qui acceptera d'ouvrir sa porte à ce groupe volontaire, dont la sincérité et le talent ne peuvent être remis en cause.
Très belle surprise. Déjà on guette avec avidité le prochain.
 
 

DEAD MOUNTAIN MOUTH : Crystalline

One-man band post-core atmosphérique (fondé en 2007) et projet totalitaire mené d'une main de fer par le guitariste-chanteur Lundi Galilao (aussi aux affaires dans A Very Old Ghost Behind The Farm), voici donc le nouvel et deuxième album de DEAD MOUNTAIN MOUTH (après un "Loka"remarqué sorti chez Dread Lair records en 2011), mixant un Black Métal sismique à des ambiances psychédéliques torturées, comme le miel se mélange aux barbelés. Proche d'un Shining (Neurosis n'est pas loin non plus) dans sa propension à enfermer l'auditeur dans une sorte de cocon molletonné de tessons de bouteilles, souvent dans ce genre de drama musical on remercie l'auteur de nous avoir épargné le concept double album tant cette musique demande grosse immersion, et volonté de s'abandonner à la mitraille.
Magma d'où s'échappent de fulgurants traits électriques, illuminant de temps à autres des compositions noires comme la suie, "With swans and silver wings" etant un exemple concret de ce qu'un My Bloody Valentine pourrait aujourd'hui offrir sans rougir, si les irlandais forniquaient sans latex sur le bout avec la sombre trainée qu'est Black Sabbath. Un shoegaze maladif, qui gratte, qui infecte, qui tel un virus titille de sa langue fourchue nos globules rouges.

Le contexte est irritant, certes, mais accueuillant comme un vagin affamé. On brave le danger, on en redemande. Les vocalises habitées ("Among the stones") indiquent le chemin, et on y dépose le venin.
On invoque, on touche au Sacré, on se perd dans les infinis, cette musique dans son essence n'est pas si éloignée que ça des travaux d'un Gojira et d'un Opeth. On lêche minéral, on suce astral. On se perd. Métal introspectif.
7 titres saignent de ce "Crystalline" opaque, qui une fois apprivoisé, se révêle être un vrai cadeau, cachant en son sein des trésors de finesse (les compositions à tiroirs jamais ne lassent) et imprime pour longtemps une impression d'avoir partagé un moment rare avec le psyché d'un artiste totalement libéré des carcans commerciaux ou idéologiques. Un (surprenant) excellent album.