9 nov. 2012

SUPERFIZ (Chronique CD)

Una lingua si cheta, un populu si more.

Nouveau venu dans le landerneau metallique français (aux aspirations plus larges que cela en fait) voici donc ce fameux SUPERFIZ, vaisseau insubmersible lançant ses torpilles dans un déluge de vagues electriques, reussissant sa campagne et penetrant rapidement, profondement nos cuirasses de vieux briscards, en trouvant toujours le centre de la cible, à savoir notre coeur.
Premier album eponyme, production qui ferait rougir de jalousie le dernier Lamb Of God (imaginez donc la puissance de feu !), ce SUPERFIZ n'a déjà plus rien a prouver.
Lumineux et virevoltant Olivier Spitzer (au C.V. etourdissant : Stators, Rebel, Disaspora, Oskar, Satan Jokers...) capitaine à la vision dégagée tente un nouveau debarquement aidé en cela de musiciens inspirés, eblouissants et armés jusqu'aux dents (Philippe Kalfon aux guitares, Aurel aux peaux, le bassiste et luthier Didier Duboscq).
Sans oublier la voix porte-drapeau du prometteur groupe (qui, disons-le en passant, aurait merité un meilleur patronyme...) , le tenebreux et majestueux Pierre Benvenuti (Quasimodo dans la comédie musicale Notre Dame de Paris sous le pseudo Adrian Devil en remplacement du Garou, le groupe de reprises Manec ainsi que deux albums solo eponymes disponibles) qui est l'absolue plus-value du projet, habillant et sublimant de sa voix chaude, rauque, (en bref : Rock) des compositions puissantes, melange habile d'un metal moderne que ne renierait pas un Rob Zombie avec un squelette plus rock n' roll dans l'expression, un groove absolument dantesque réhaussé de solis acérés ou dotés de riffs made-in-Rammstein.
"Le Long Des Villes" annonce le cahier des charges avec son lourd speed totalitaire, simple et concis : clairement, il n'y aura aucun survivant !



Textes français loin de toute mievrie et investissement dans l'interpretation, souvent plane dans les intonations le fantome d'un Bernie arrivé à maturité, comme un Hallyday moins caricatural qui nous appartiendrait vraiment, qui répondrait à nos silencieuses et souterraines doléances. Pierre Benvenuti, solaire, libre et frondeur comme sa Corse convoque notre adolescence, et alors on se souvient des émois que charriait Trust, et alors on se remémore Telephone, dans cette jouissive insouciance qui faisait de nous des jeunes electriques affamés de Vie.
Pierre devient alors le Revelateur d'une jeunesse sépia qui ne veut pas s'éteindre, un Lavilliers Blues-rock ("Le Vent du Soir", "Ta voix tombe dans le silence" qui au bout de la deuxième ecoute devient instantanément un classique, une évidence). Imaginer et / ou esperer que les prochains textes pourraient se radicaliser et s'ancrer un peu plus dans un terreau critique (politique ?) du quotidien (comme les "grand-frères" l'ont initié en 1979) serait à mon sens le chemin indiqué et ecrin parfait pour cette magnifique et profonde voix (dire que la scêne et le public français attendent comme le messie un nouveau Trust est peu dire, et ce SUPERFIZ testosteronné en possede la fougue et l'aplomb...qui vivra verra...).


Gros rock effronté ("Sex and Love") ou mid-tempo Orwellien menaçant ("Democratique Dictature"), tube bombastique qui irait comme un gant à un Status Quo enervé ("Je ne t'appartiens pas") avec son solo infernal et son jeu de baguettes à-la- Stewart Copeland en passant à l'ambitieux "Tu Rêves Toujours Du Rif", tout est ici probant, affirmé, le meilleur des deux mondes en somme, metal et chanson française, une "modernité vintage"(la furie des Who aliée avec la rigueur d'un Metallica par exemple) ajoutant le charme de la langue de Molière, ici en totale symbiose. Les dantesques " Le monde encore" et le furieux "Glisser en Toi" avec ses cordes malmenées et hypnotisantes ou "Bad Trip (et ses humeurs de titanium à la Fear Factory, AC/DC se lovant dans les courbes d'Amaranthe !)) en demeurent les preuves parfaites, veritables machines à broyer les vertêbres (comme No One Is Innocent ou Zuul Fx savent si bien le faire).
Choeurs chromés à l' efficacité redoutable ("La fin du monde"), et toujours cette puissance vocale qui survole allegrement les cîmes, elle qui propulse au firmament un gang soudé, musiciens techniquement irréprochables n'oubliant jamais le maitre mot qu'est "Feeling" ("Rien à Perdre"), cette voix profonde qui grave aujourd'hui dans l'histoire du Métal français (et pas-que !) un nouveau chapitre d'un livre qu'on aura plaisir à voir s'ecrire, années aprés années, nouveau compagnon de nos prochains meilleurs souvenirs.

Seul hic : Mais où est donc ce t-shirt qui me permettrait d'arborer fierement les armoiries SUPERFIZ le long de ma plage et de laisser enfin reposer celui à la pelleteuse imprimée et troué aux couleurs defraichies...?



Made in France : 100 % Metal.