9 nov. 2012

CATUVOLCUS : Gergovia (Chronique CD)



Appalaches québécoises, ces apaches sont résistance. Celtes affamés, ils ne se rendront pas.
CATUVOLCUS, originaire de Warwick, sême les graines qui déchireront la Fatalité. Le glaive est tranchant comme leur Black Métal Naturaliste, gangrêne les auditeurs ébahis, et s'abreuve des sangs inquisiteurs. De 2007 nait l'experience sensorielle sous les premiers mots et notes du prolixe P.A. Plessix (chant, guitare et composition), la démo " Old Rituals From Camulos » qui précédera naturellement le premier album, "Vae Victis", en 2009. Suivra le E.P. "Terres De Sang", abrasif.
L'histoire des Gaules, voilà le credo. Innovant et diablement mené, ce (bois) franc(s) nouvel album intitulé " Gergovia" (album-concept portant sur une célèbre bataille de la guerre des Gaules) touche au sublime.

Black Métal lumineux, oppidum mélodique infranchissable (avec comme participations sur l’album Barre Gambling deDaylight Dies
et Jake Rogers de Gallowbraid), ni Alix ni Astérix ici pour faire sourire. Le sujet est vaste, le sujet est grave (soyons clair : il s'agit de l'annihilation d'une culture par les forces romaines), un pan de notre patrimoine (commun) jeté aux orties, et historiquement souvent malmené. CATUVOLCUS (signé sur le label canadien Deathbound Records) avec maestria remet les pendules à l'heure grâce à un propos fouillé, cohérent, didactique (l'intelligent artwork le promet). Le fond comme la forme mérite respect.
Dans un autre registre mais pas si éloigné dans l'intention de créer une musique minérale, Wolves In The Throne Room avaient avec leur dernier album en date grandement marqué mon (les) esprit(s). On demeure encore ici dans le plus-que-parfait.

Ce nouvel album (enregistré et mixé par Maxime Côté au Red Well Studios, Montréal, Québec, Canada) affiche clairement ses (nobles) ambitions : emmener notre sombre musique adorée vers des sommets d'émotions, qui touche sans coup férir notre coeur et titille notre cerveau reptilien en faisant remonter à la surface un passé qui ne demande que clarté et vérité. Gros challenge certes mais qui réussit, l'oeuvre musicale formant un tout unique et indivisible (neuf titres dont un prologue et un épilogue acoustique), qui ne pourrait souffrir d'être vulgairement disséqué titre après titre tant elle prend son essence dans son offrande entière à l'auditeur concerné qui saura trouver alors les pépites enfouies.
Black Métal Gaulois, fier et conquérant, devenant du coup un bel etendart de la "nouvelle" scène Black Métal québécoise (Forteresse, Hiverna, Chasse-Galerie etc) qui rafraichit durablement un genre souvent sclérosé.

Artisan aux doigts d'or, Pierre-Alexandre Plessis (aidé aux guitares par le concerné Maxime Côté) propose avec mordant un véritable manifeste de Black qui sans honte trouvera sa place aux cotés des Enslaved (pour cette grâce innée et cette liberté artistique assumée) ou autres Borknagar (richesse vocale et architecture mélodique aérienne). La puissance et la témérité ne seront pas en reste, cet "Arverne Métal" est un terreau fertile où un lyrisme batailleur se gorge de soleil mais sait être balayé par des pluies torrentielles aussi.

Pour celui qui a vécu la découverte de ce que devait être l'injustice et l'humiliation lorsque enfant dans mon livre scolaire je découvrais la peinture "Vercingétorix jette ses armes aux pieds de César", de Lionel Royer (1899, Musée Crozatier du Puy-en-Velay) et en fus traumatisé à vie, CATUVOLCUS lave affronts et douleurs, justifie et magnifie encore un peu plus cette profonde passion qui m'anime, cet amour viscéral de la musique (quelle qu'elle soit).

Bien au-delà du Black Métal, CATUVOLCUS s'impose comme la réponse rurale d'une certaine vision humaniste face aux âpres et vicieuses légions materialistes et capitalistes qui prônent la politique de la terre brulée et émargent de ce fait les âmes pures incorruptibles.

CATUVOLCUS est de ce marbre.

Chef d'oeuvre Absolu-




(Merci à Jerome Le Grusley pour le passage du témoin...)