9 nov. 2012

JAC DALTON : Icarus (Chronique CD)

D'un sud à un autre hémisphère, le rock triomphant sur les cendres d'un James Brown ruisselant ou agonisant dans un métal boursouflé trop blanc pour être honnête, des voix d'ailleurs corrigeant les chants des hiboux, CSN&Y ou CCR veillent encore sous la lune blafarde (Crosby Stills Nash & Young / Creedence Clearwater Revival, "Revival", le voilà le maitre mot !), des champs de cotons jusqu'aux chants célestes, du bon rock qui tache au hard rock poudré, la fougue (et le tonnerre électrique, mon frère !) survole ou s'enracine.

David Coverdale, roi parmi les rois, s'imposant Légende en 1987 avec le monument éponyme et libêrant un Serpent Blanc menaçant & affamé, indique la direction, échappée belle qui emmènera jusqu'à notre Europe (qui n'en espêrait pas tant mais sera repue avec la sortie miraculeuse de "Learn & Burn" de The Sheepdogs, bain de jouvence imparable)) presque 25 années après son succès phenomenal, cet enfant légitime, cet athlétique Jac Dalton qui propose avec son lumineux" Icarus" (regarde l'artwork, "Syme style"...) un condensé appréciable d'électricité et de feeling, de groove patiné de claviers sentant bon les seventies et de guitares volubiles, la démonstration patentée qu''une réelle entité mélodique, capturée live mais fraiche reste (quand on s'arrache les tripes) pleine de vigueur.

Jac Dalton Band, (américano-australien)comme le meilleur du blues blanchi par les soleils australiens et sud-africains, costaud comme les bières du bush et sexy comme les courbes Charlize Theron, soutenu par un incroyable E Street band gonflé aux hormones de talents (Graham Greene :Guitars/Vocals, Annemieke Heijne :Guitars/Vocals, Donna Greene : Vocals/Percussion, Jason Dohrmann: Vocals/Keys, Jim Awram :Bass, Troy Brazier:Drums), big band (bang) hérité inconsciemment d'un héritage gênetique (le père de Jac était un inspiré musicien de jazz), le tout drivé par une voix chaude, maltée et charismatique, ce (hard) rock mélodique s'impose comme indispensable à toutes dignes discothèques. Mis en futs à Memphis aux Studios Ardent ce nouvel album produit par Gregg Brown et Darren Mullan, sous les doigts d'argent de John Hampton à la console saura enivrer en évitant toute gueule de bois...

Progrès net constaté dans l'écriture et le son, après le succês assuré du précédent (2008) country-rock "From Both Sides’ [attention, plus vraiment des noms, mais quasi des marques : featuring Mark Evans (AC/DC), Russell Morris, David Moyse (Air Supply), John/Rick Brewster, Buzz Bidstrup, Chris Bailey (The Angels), Paul DeMarco / Rob Riley (Rose Tattoo), Gwyn Ashton (BB King, Mick Fleetwood and Paul Wetton (Robert Plant Band)], "Icarus" alourdit davantage le propos, s'éloigne d'un formatage trop rural pour embrasser plus largement un chromé AOR, qui sait se faire violence comme le meilleur du classic rock testeronné ("Locked, Cocked & Ready To Rock" et ses soli déboulant à mille à l'heure) et convoque très souvent le Deep Purple des grands jours ("Waterline", "Icarus"), s'assurant de laisser tabourets vides lors de la ballade qui tue ("For Your Love").

Moderne rock soit, mais il y a du BB King dedans, du Clapton, digérés, et des miettes encore consommables du envahissant Led Zep, dans sa volonté de toucher l'âme directement, du soleil mais aussi du sable, du "Southern Comfort" qui réconforte, du tattoo qui ne serait pas que rose, du bar enfumé et du verre brisé, quand tu sais, ami, que ce glaçon leché ne sera pas le dernier...
Grosse découverte pour certains, évidence pour d'autres, nul ne devrait mourir avant d'avoir ingurgité un shot de Jac Dalton, qui comme les "liqueurs Skynyrd" ou les démoniaques Angel d'Adélaïde sait faire bouillonner le sang comme personne.
Et c'est de cela dont il est question ici.Ce rock brûle la langue mais réchauffe les âmes esseulées. Et fortifie tes ailes, pour que jamais tu n'ailles te consumer sous les rayons de la médiocrité.
Si tu en veux plus, achête son album-