9 nov. 2012

JORN : Bring Heavy Rock To The Land (Chronique CD)

Il fut le désirable fusible qui me fit patiemment attendre le retour gagnant du Serpent Blanc, pendant que j'oubliais en même temps l'existence de Dio, trop anachronique dans ces années d'un renouveau metallique (les années 2000 en somme).
Sa voix rauque chaude (rock quoi) berçait l'illusion que tout n'était pas perdu, qu'il restait ici où là une volonté de produire une musique animée d'âme et de passion, ce que anciennement les gens de ma génération appelaient avec fierté "Hard Rock".
JORN sauvait les apparences et bon gré mal gré, avec une suite de disques tous interessants et rafraichissants, collaborations ou supergroupe bombastique, son plan était clair : baliser le terrain, et moissonner à l'envie notre terrain electrique.
A nouveau la voix amicale titille nos sens auditifs en ce mois de juin 2012 avec ce très respectable "Bring Heavy Rock To The Land", quasi fac-similé des productions anterieures, gros rock léché soutenu par un backing band qui assure tranquilement, écrin parfait et capitonnée adéquat pour cette suave voix qui sait toujours emouvoir et herisser le poil lors d'envolées barbelées.
Spécialiste des reprises mielleuses (Dio justement en a eu la primeur juste aprés son décès ) on aura droit ici à une relecture assez roots du classique westcoast "Ride Like The Wind" du délicat Christopher Cross mais qui malheureusement n'effacera pas la version tubesque et testeronnée qu'en avait fait les chevelus Saxon jadis.
Nouvelle lecture aussi plus classique du morceau "Time To Be King", des Masterplan qui avec l'album éponyme annonçait alors le retour de l'enfant prodigue au sein du speedé groupe. Plus basique et oubliant la double-pédale, acceptons ce petit plaisir égoïste que s'offre le norvegien, tant qu'il n'en vient pas à se prendre dans le futur pour un Jo(r)n Schaffer et réenregistrer dans la foulée tous ses anciens morceaux...
Costaud, même si l'entame peut de prime abord inquieter ("My Road" et " Bring..."), l'affaire trouve crescendo sa vitesse de croisière et laissera alors belle impression. Costaud mais pas rustre, c'est ici de l'orfevrerie et non du toc, du Hard Coverdalien fabriqué dans des caves profondes et pourpres, à l'ancienne mais parafiné par Tommy Hansen (Helloween, Pretty Maids), c'est dire le clinquant de l'affaire.
Constant dans le propos et quasi-intouchable, ce Jorn assène un nouvel uppercut et malgré une exposition médiatique qui ne le propulse plus en premiére ligue (et ce depuis "Unlocking the past en 2007), gageons que ce nouvel album volontaire (et d'une sincérité qu'on ne peut marquer du sceau de l'opprobe) trouvera chez les amoureux de grosses cylindrées metalliques et parées d'ornements mélodiques du plus bel effet grand écho et se jetteront affamés sur le convoité objet.
Comme il disait, "Lonely are the brave..."!